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  • Photo du rédacteurYeung Jerry - Préparateur Physique diplômé d'État

Calmons-nous !




Comment canaliser son agressivité pour avoir des entraînements plus productifs.

Nous nous mettons tous en colère car c'est là une émotion naturelle. Celle-ci n'est pas un problème en elle-même, mais elle le devient si elle n'est ni contrôlée ni coordonnée. La colère a été définie comme la réaction à un stress émotionnel consécutif à des événements irritants et dont la forme d'expression peut être intense, hostile ou violente, ou conduire le sujet à accuser une personne ayant fait quelque chose de mal.




Si la colère désigne une émotion, l'agressivité se réfère à un acte et peut être classée comme instrumentale ou réactive. Elle est instrumentale lorsqu'on dirige une activité intense vers un but spécifique et qu'on fait du mal ou qu'on inflige une blessure en tentant de réaliser cet objectif.

Par exemple, on pourrait être en train de faire des élévations latérales et, sans le faire exprès, heurter quelqu'un qui se trouve trop près.

S'agissant là d'un comportement orienté vers un but, c'est ce type d'agressivité qu'il convient d'exploiter au mieux afin de réussir dans son sport.


L'agressivité réactive a pour finalité de faire de mal ou de causer une blessure. Par exemple, si c'est votre tour d'utiliser la cage à squats et que quelqu'un vous passe devant, vous pouvez devenir agressif ou crier et l'incident se soldera peut-être par une empoignade physique.

C'est ce type d'agressivité qui cause souvent des problèmes et si la colère n'est pas systématiquement accompagnée d'un comportement agressif, un tel comportement est souvent consécutif à la colère.

Précisons, au passage, que l'hostilité est une disposition de la personnalité (et non une forme d'agressivité) et qu'elle a un lien plus direct avec la colère : des individus hostiles tendent à réagir de manière agressive à des situations données.


La rançon de l'erreur

Soulignons tout de suite que cela ne veut dire qu'on ne doit pas tirer parti de son agressivité dans le cadre de son entraînement. Certaines formes d'agressivité sont, en fait, utiles. Pouvez-vous imaginez en train de faire des squats tout en pensant à des petites fleurs ? Cela n'est sûrement pas la réponse. Ce qu'il faut plutôt viser c'est de canaliser l'énergie de l'agressivité pour qu'elle ne déborde pas dans d'autres situations. Si elle n'est pas cantonnée, elle peut conduire à un isolement social et entraver la performance, sans parler de l'éventualité de blessures potentielles.


Voici un exemple : vous avez deux gars que vous connaissez s'entraîner dans une salle de musculation. L'esprit de compétition entre eux les motivait pour accéder à leurs objectifs respectifs mais, un jour l'un d'eux développant facilement 140kg au développé couché, commençait à provoquer l'autre parce qu'il était un peu à la traine.

En vérité, celui-ci est habituellement capable de prendre aussi lourd que son ami, mais ce n'était tout simplement pas son jour.

Tandis que le premier continuait à le taquiner, ce dernier a visiblement "piqué une crise". Il s'est mis à charger des disques de 20kg sur la barre jusqu'à arriver à 180kg, soit 40kg de plus que son maxi.

Refusant de se faire assister, il a dégagé la barre d'un coup sec et, tandis qu'il la descendait vers la poitrine, il a ressenti tout d'un coup une déchirure au niveau de l'épaule. On ne l'a plus revu à la salle pendant un certain temps, probablement à cause à la fois de la honte ressentie et des séances de rééducation !


La morale de cette histoire ? Non seulement savoir gérer la colère peut améliorer la performance quand on peut concentrer cette énergie, mais cela peut aussi contribuer à prévenir les blessures et les échecs à l'entraînement.


Force psychologique

Parfois le désagrément est tel que la première impulsion est de réagir. En fait, très souvent, il semble bien plus facile de laisser échapper un geste violent que de se maîtriser. Il peut être facile de réfréner une réaction qui est si profondément ancrée dans notre physiologie et dans notre culture et c'est pour cela qu'être capable de contenir cette impulsion et d'éviter une confrontation, c'est faire preuve d'une force psychologique plus grande.


De plus, si vous y parvenez, il faut vous accorder une récompense, peu importe sous quelle forme mais quand vous arrivez à brider votre colère dans une situation potentiellement explosive, félicitez-vous.

Une autre façon d'envisager cette "récompense", c'est de vous dire que vous avez gardé le contrôle de la situation.

Ainsi, c'est vers le développement de vos muscles que vous avez orienté votre énergie. Faites le bon choix : retenez votre colère. Les techniques proposées dans "La prise de contrôle" peuvent vous y aider.


 

LA PRISE DE CONTRÔLE

  • RELAXATION. Une respiration lente et profonde détend efficacement le corps et permet de focaliser son énergie sur l'entraînement. L'exécution correcte implique de coordonner la respiration avec les contractions musculaires. Placez une main juste sous la cage thoracique, sur le diaphragme. À l'inspiration, le diaphragme s'abaisse et crée un appel d'air dans les poumons. Deux ou trois respirations profondes peuvent ralentir le processus physiologique d'intensification émotionnelle, consécutif à la colère.

  • VISUALISATION. Fermez les yeux en respirant. Voyez votre objectif se réaliser, étape après étape jusqu'au résultat ultime. Par exemple : visualisez la barre et sentez l'acier froid contre votre nuque tandis que vous prenez position dans la cage à squats. Prenez conscience de la tension, mais détendez-vous. Restez concentré sur la technique. Dégagez la barre qui faites vos reps lentement. Remettez la barre sur les supports. Atteindre ses objectifs de santé et de forme physique est une question de contrôle et d'équilibre : c'est aussi focaliser son énergie dans une direction bien précise - dans le cas présent, soulever de la fonte. Ça n'est certainement pas manifester une agressivité désordonnée et mal orientée.

  • CONTRÔLE DU DÉCLENCHEUR. Tout comportement a une cause et, naturellement, des conséquences. Si vous réfléchissez à ce qui a provoqué votre colère (le déclencheur) et à ce qui s'est alors passé, vous pourrez identifier et contrôler d'autres situations qui pourraient conduire à une exacerbation de cet état affectif. Les scientifiques ont identifié deux sortes de déclencheurs. Si on vous insulte, s'il y a provocation verbale ou geste obscène ou encore si on vous pousse physiquement, c'est un déclencheur direct. Quand à un déclencheur indirect, ce peut être une perception ou une interprétation erronée ou encore l'attribution à autrui de sentiments supposés. J'imagine que nous avons tous connu ceci : "Il m'a regardé de travers parce qu'il a un problème avec moi". Identifiez ces déclencheurs de façon à les reconnaître dès que vous commencez à vous mettre en colère. Comme vous avez déjà qu'un geste hostile dans une salle ne vous mènera à rien, vous pouvez amorcer vos techniques de relaxation et modifiez vos pensées sur ce qui se passe, une fois que vous aurez reconnu le déclencheur. Dans l'exemple ci-dessus, ce que vous avez perçu comme "un regard de travers" peut avoir plusieurs explications n'ayant peut-être absolument rien à voir avec vous.

  • REGROUPEMENT. Quand on est en colère ou contrarié, on doit également faire face à sa propre perception de l'événement. Parfois, cela peut amener à douter de soi comme lorsqu'on ne peut pas soulever une charge ou qu'on est incapable d'obtenir une congestion musculaire. Dans ces cas, regroupez ces pensées négatives et réorientez-les. Détendez-vous, élaborez des affirmations positives et répétez-les intérieurement jusqu'à ce que vous en soyez convaincu. Voici quelques exemples : - Je pratique le bodybuilding à fond et tout le monde a des jours "SANS". Mon partenaire a fait ce qu'il est censé faire et je suis content de pouvoir compter sur lui pour ça. Demain, je me concentrerai davantage et je croirai en moi-même pendant toute la séance." - Reprenez le dessus en disant des choses positives et qui vous dynamisent, du genre "OUI, j'ai la forme - au travail ! Allez, pousse cette barre ! Fais-la gicler ! Exploser !



RÉFÉRENCES :

- Kubistant, T. Mind pump : the psychology of bodybuilding. Champaign, IL. Leisure Press, 2008.

- Feindler, EJ. Guttman. J Cognitive behavioral anger control training for groups. 2006.

- Averill .JR. Studies on anger and aggression. Implications for theories of emotion. American Psychologist. 38: 1, 145-1,160-1998-2002.




Jerry YEUNG

Préparateur Physique "The Gym Tahiti"

Diplômé d'Etat BEES-1 Métiers de la Forme depuis 1998

IFBB Certified Advanced Bodybuilding & Fitness Trainer

Certified Trainer Institut Culture Physique Weider

IFBB International Judge

Plusieurs fois Champion IFBB en Bodybuilding National et International

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